Comment l’interdépendance des tâches transforme la perception de la performance et du potentiel collectif
Réconcilier performance individuelle et collective
L’étude de Katz-Navon et Erez, publiée dans Small Group Research, explore une question fondamentale pour le management des équipes. Quelle est la place de l’efficacité collective par rapport à l’efficacité individuelle dans la performance d’un groupe ? Et surtout, dans quelle mesure la structure des tâches façonne ces perceptions ? À travers une expérience rigoureuse menée auprès de 120 étudiants en ingénierie répartis en 40 équipes, les auteures analysent les effets de l’interdépendance des tâches sur la construction de l’efficacité collective et son impact sur la performance.
L’interdépendance comme déclencheur de l’efficacité collective
Les résultats sont sans appel. Lorsque les tâches sont fortement interdépendantes, l’efficacité collective émerge comme un levier majeur de performance. Les membres partagent une perception homogène des capacités du groupe et cette croyance partagée agit comme un moteur commun. À l’inverse, dans un contexte de faible interdépendance, la performance est davantage expliquée par l’efficacité individuelle de chaque membre, et la notion d’efficacité collective perd de sa pertinence.
Une dynamique spiralée entre performance et perceptions
L’étude met en lumière un phénomène en spirale. L’efficacité collective influence la performance, et les résultats obtenus renforcent à leur tour la perception d’efficacité collective. Ce processus auto-renforçant est particulièrement marqué lorsque les tâches exigent une collaboration étroite. À l’inverse, dans les tâches indépendantes, ce sont les performances individuelles passées qui nourrissent la confiance en soi des membres.
Implications pour la conception des équipes
Ce travail propose un éclairage concret pour les managers. Concevoir des tâches qui favorisent l’interdépendance permet de transformer un groupe d’individus en une équipe soudée par des croyances communes. La qualité des interactions devient alors un vecteur d’engagement et de performance. Les managers doivent donc penser au-delà des compétences individuelles et intégrer dans leur design d’équipe la structure des tâches comme levier de cohésion et de régulation collective.
Conclusion : de l’agrégat au collectif
Ce que démontre cette étude avec force, c’est que la performance d’une équipe ne se résume pas à la somme des performances individuelles. C’est dans la capacité à construire une perception partagée des ressources du groupe, soutenue par des interactions réelles et continues, que réside la clé de la performance durable. Transformer une collection d’individus en équipe, c’est d’abord façonner un environnement où l’interdépendance devient une richesse et non une contrainte.
🗞️ Par Luc Bretones, fondateur du groupe NextGen, institut de formation, coaching et conseil en management certifié qualiopi. Les équipes NextGen interviennent du comex, codir aux équipes opérationnelles pour améliorer leur performance et leur fonctionnement. Luc Bretones est chercheur en innovation managériale et co-auteur du livre "L'Entreprise Nouvelle Génération" qui s'intéresse aux dirigeants de 30 pays ayant mis en œuvre de nouvelles formes de gouvernance, réengagé leurs forces vives autour d'une raison d'être fédératrice ou encore expérimenté une innovation managériale majeure. Expert de l'innovation produit qu'il a dirigée pour le groupe Orange pendant plus de 6 ans, il se consacre désormais à ce qu'il considère comme la prochaine grande disruption : les nouvelles formes de management et d’impact.
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