Comment les traits du Big Five façonnent les dynamiques d’équipe et les résultats collectifs
Quand la personnalité du groupe fait la différence
L’étude de Peeters, Van Tuijl, Rutte et Reymen, publiée dans le European Journal of Personality, apporte une réponse précieuse à une question cruciale du management des équipes. Comment la composition d’une équipe, en termes de traits de personnalité, influence-t-elle sa performance ? Grâce à une méta-analyse rigoureuse regroupant jusqu’à 527 équipes selon les traits étudiés, les auteurs mettent en lumière les effets combinés des traits dominants (élévation) et de l’homogénéité ou diversité (variabilité) des membres sur l’efficacité collective.
L’élévation et la variabilité des traits comme clés de lecture
Les résultats démontrent l’importance d’un haut niveau moyen (élévation) d’agréabilité et de conscience au sein des équipes. Un score élevé sur ces traits est associé à une meilleure performance collective, avec des corrélations significatives de 0.24 pour l’agréabilité et 0.20 pour la conscience. À l’inverse, la diversité excessive sur ces traits (variabilité) nuit à la performance. Plus les membres sont alignés sur ces dimensions, meilleure est la performance, la variabilité de la conscience affichant par exemple une corrélation négative marquée de -0.24.
Un effet modulé par le type d’équipe
L’étude souligne des différences notables entre équipes professionnelles et équipes étudiantes. Les effets positifs de l’élévation de l’agréabilité et de la conscience sont particulièrement marqués dans les équipes professionnelles, avec des corrélations respectives de 0.51 et 0.42. Ces traits semblent être des leviers essentiels lorsque la complexité des tâches et l’interdépendance des rôles sont élevées. Les équipes étudiantes, quant à elles, montrent des effets moins nets voire inexistants pour ces traits, illustrant l’importance du contexte dans la relation personnalité-performance.
Des implications pour le management des équipes
Ce travail démontre que la performance d’une équipe ne repose pas uniquement sur l’addition de talents individuels, mais sur la combinaison harmonieuse des traits de ses membres. Construire une équipe performante suppose de viser à la fois l’élévation des traits favorables et la cohérence des profils. Le manager devient ainsi un architecte des complémentarités psychologiques, veillant à composer des équipes où les forces se conjuguent plutôt que de s’opposer.
Conclusion : l’alchimie des personnalités
Cette méta-analyse révèle avec clarté que la personnalité collective d’une équipe est un déterminant puissant de sa performance. C’est dans l’alignement sur des traits de coopération, de rigueur et d’engagement que se forge l’efficacité collective. La gestion des équipes gagne à intégrer ces enseignements pour passer d’un pilotage des compétences à un véritable art de la composition humaine.
🗞️ Par Luc Bretones, fondateur du groupe NextGen, institut de formation, coaching et conseil en management certifié qualiopi. Les équipes NextGen interviennent du comex, codir aux équipes opérationnelles pour améliorer leur performance et leur fonctionnement. Luc Bretones est chercheur en innovation managériale et co-auteur du livre "L'Entreprise Nouvelle Génération" qui s'intéresse aux dirigeants de 30 pays ayant mis en œuvre de nouvelles formes de gouvernance, réengagé leurs forces vives autour d'une raison d'être fédératrice ou encore expérimenté une innovation managériale majeure. Expert de l'innovation produit qu'il a dirigée pour le groupe Orange pendant plus de 6 ans, il se consacre désormais à ce qu'il considère comme la prochaine grande disruption : les nouvelles formes de management et d’impact.
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